Si on n’aspire pas à se reconvertir en tant que développeur professionnel et qu’on a dépassé l’adolescence, est-il vraiment utile de s’initier à la programmation ?
Qu’est-ce que ça peut apporter concrètement à un cadre en entreprise et sous quelles conditions ?
Conseils et retours d’expérience d’une marketeuse convertie !
(Article initialement publié sur le Cercle du Marketing Client)
En tant que spécialiste de marketing numérique, je n’ai pas du tout un profil technique à l’origine et je me suis initiée à la programmation à 40 ans passés pour un projet personnel au départ, la création d’un programme d’éducation au numérique pour ados (Teen-Code, des stages d’initiation à la programmation).
A travers ma propre expérience d’élève, puis de conceptrice de cours d’initiation et de formatrice, je suis aujourd’hui convaincue de l’utilité, voire de la nécessité, d’avoir des bases en programmation pour tout un chacun, a fortiori pour des cadres fonctionnels en entreprise en pleine époque de transformation digitale !
Mais il ne s’agit pas pour autant de foncer sur le premier cours d’HTML venu … même si ça n’est jamais inutile.
Quels bénéfices donc, et à quelles conditions ?
Démystification, culture du « faire », réflexion différente, créativité : les bénéfices concrets de l’initiation à la programmation
Le premier bénéfice et qui n’est pas des moindres, est celui de démystifier la dimension technique et cachée du numérique, qui fonctionne tellement bien aujourd’hui (pour ceux qui ont connu les débuts d’Internet :)) qu’il s’apparenterait presque à de la magie. Mettre les mains dans le code permet d’avoir une appréhension réelle, concrète, de la manière dont se « fabrique » le numérique et d’éliminer au passage nombre de fantasmes et d’idées reçues qui courent encore aujourd’hui sur ce sujet : non, ça ne prend pas 2 secondes et non, on ne développe pas des projets comme un copier-coller !
Un deuxième bénéfice corollaire du premier est que ça redonne « corps » au digital, et c’est autant valable pour les jeunes que les moins jeunes : le digital est tellement partout et c’est devenu un tel support et outil de consommation qu’il en devient presque virtuel pour ceux qui l’utilisent sans réelle maîtrise. (Re)-développer une culture du « faire » est fondamental pour développer de véritables savoir-faire.
L’initiation à la programmation permet également de découvrir d’autres manières de réfléchir, qui structurent les échanges avec les machines et impactent directement ou indirectement une grande partie de notre vie aujourd’hui. Au-delà de l’utilité citoyenne, les principes clés de ce que les Américains appellent « Computational thinking » (l’abstraction, la manière d’adresser un problème complexe en le décomposant en plusieurs problèmes simples, l’algorithmie, etc.) sont autant d’angles de réflexion applicables à toute discipline et à tout projet !
Enfin, cela permet d’exprimer une créativité personnelle différente de la « créativité » de réunions de brainstorming et de slides à laquelle les cadres (marketing/com en tout cas) sont généralement exposés : c’est une créativité concrète, qui part de l’outil, du réel, et qui est accessible à tout le monde de ce fait.
Tous ces bénéfices ne sont pas pour autant automatiques et accessibles après quelques petites heures de cours … Quelles conditions mettre en place pour faciliter cette initiation ?
Les conditions d’une démocratisation réussie : adapter les principes, pas les enseignements techniques
La majorité des enseignements d’initiation à la programmation se concentrent sur l’acquisition rapide d’un ou de plusieurs langages (html, css, javascript, ruby, python…). La version « rapide » est obtenue en retirant du cursus l’enseignement des principes et de la logique de programmation qui sont pourtant les bases sur lesquelles cet enseignement doit reposer, et les dimensions les plus intéressantes à partager avec des débutants et des non-initiés.
C’est, à mon sens, là où le bât blesse, et où il y aurait à développer d’autres pédagogies d’initiation, pour attirer plus de gens vers cet univers : ce sont les principes qu’il faut transmettre, de manière concrète en s’appuyant sur des langages éducatifs, avec un juste équilibre à trouver entre la « manipulation expérientielle » (faire bouger un robot, par exemple) qui est un gimmick plus qu’un outil pédagogique, et l’immersion dans un langage qui n’apporte de bénéfices qu’au bout d’une certaine pratique.
Les langages de programmation visuelle développés pour l’initiation des jeunes (collège, lycées) depuis quelques années, et les cursus de familiarisation avec les principes de la « pensée computationnelle » peuvent être des bases intéressantes de départ à condition d’être adaptés aux besoins et contraintes des métiers fonctionnels en entreprise.
Dans tous les cas, ce qui importe, c’est surtout le premier pas : il n’est jamais trop tard pour commencer !
Qu’attendez-vous pour oser mettre vos mains dans le cambouis du digital ?